La critique ne devrait pas être vue comme une provocation et source de conflit, mais plutôt comme une interpellation de la conscience en vue d’améliorer une oeuvre ou un comportement.
Fondée sur le doute, elle s’avère nécessaire afin de corriger les faiblesses et prévenir les déformations dans la narration d'Evénements et de faits historiques touchant la vie des sociétés, autant à travers les oeuvres d’art, la scène théâtrale, les discours que dans la littérature… Les prises de positions tranchées des uns et des autres ne reflètent que des états d’âme passionnés de la dialectique qui découle du doute, du remous autour de la raison à la recherche de la quiétude que procure la VERITÉ ! La recherche de la vérité est la seule fondation de la critique qui permet le progrès des sociétés. La dialectique est incontournable là où la raison est en quête de la vérité! Le dualisme s’impose à la pensée et la rend rationnelle au besoin ! Lorsque la critique draine les injures, la subjectivité de l’injure doit aussi interpeller la conscience!
L’injure est le reflet intellectuel du moment de l'injurieux sous le coup d’une frustration intellectuelle! Si l’injure proférée n'est pas une défense noble de la thèse réfutée ou de la frustration vécue, alors l'injurieux nage dans le ridicule de la calomnie et la bassesse de l’ego chagriné! Remarquons que ce qui fait grand défaut à nos démocraties sous les tropiques, c'est de voir toujours des conflits à la place de l’éducation des adultes dans les échanges intellectuels que draine la critique! Si l'on écrit ou parle publiquement, la raison dialectique oblige de se soumettre aux critiques ou on demeure infécond dans le repli de la mauvaise foi, de la négativité, de l'autarcie et de l’égo! Si le débat critique doit dégénérer en vindicte et conflit, alors il y a incompréhension et régression! Le débat et la critique doivent élever l’âme par l'apport argumentaire solide et impersonnel des participants et non être prémédités ou forcément consensuels, voire tempérés et plaisants à tiers! Apprenons à voir dans les critiques et injures par rapport à nos déballages d’états d’âme sur la place publique des moyens de nous améliorer ! Nul ne détient toute la vérité ! Le Seigneur est plus savant! Écrivons et assumons nos écrits en nous ouvrant aux critiques !
Que cela soit en parole (discours) ou en en écrit, les consciences se croisent dans la critique qui rehausse les talents et valorise les sujets...! La "spéculation" dans les réponses ou dans les arguments, sans enchères mesquines ou insidieuses, n'est pas un mal en soi si elle permet la dynamique des échanges! Les écrits et les paroles reflètent la mentalité, voire l’état d’âme du sujet en toute lucidité et responsabilité( !) de ses actes.
Les messages et critiques acerbes, émis à l’endroit d’autrui ou de la société, n’ont d’impact quant aux changements probables positifs sur leur conscience et comportement que selon leur propre degré de tolérance et de réceptivité à la justesse de leurs teneurs, sans aucune contrainte corruptive ni force de dissuasion coercitive!
Le "sérieux" dans les débats et dans la critique est synonyme ou rime avec responsabilité, égard bienveillant et dignité.
La critique doit respecter avant tout, la dignité de l’être humain ! Elle n’a pas pour vocation de vilipender, de ridiculiser ni d’avilir l’autre, mais plutôt de revaloriser ses tares et manquements dans une dimension permettant de mieux faire résonner ses talents et sa voix en vue de parfaire l’harmonie à laquelle nous aspirons et qui doit être une oeuvre collective!
Il y a diverses sources d'inspiration dans le domaine de l'art et des lettres qui permettent de réaliser une pléthore d’oeuvres dignes et pour la gloire de la civilisation humaine. Lorsque le sujet décrit, peint ou visé est un être humain, il faut respecter non seulement sa dignité mais aussi sa liberté. Autant l’écrit peut être nuisible, l'art ou le théâtre peut être destructeur d’une vie! La morale dans l’écrit et dans l'art relève de celle de l’écrivain et de l'artiste lui-même. L'observé et l’observant communient dans une série d'interrogations en apostrophant l'intention de l'auteur! La moralité de l’artiste ou de l’écrivain transparaît dans l'oeuvre livrée au scrutin du public.
Harun Dramé, Etats d’âme-Les Notes (01), Eds, dhart, Quebec, 2012, P.238.
Nouveau Courrier N°611 > Du Vendredi 21 septembre 2012